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Le Café Fripier
Cette maison de 1868 comporte trois ouvertures témoignant de sa fonction commerciale. Charles Fripier y a porté à son point culminant son goût du décor et de la polychromie. L’artisanat de la terre cuite était actif en Mayenne au 19ème siècle (Thévalles à Laval et surtout les Agêts à Saint-Brice).
25 Grande Rue
Le maître maçon Charles Fripier a travaillé pour la collectivité (école publique) et pour des particuliers dans tout Parné, mais aussi sur des terrains lui appartenant. En effet, il détenait, notamment par l’héritage de son épouse, un nombre conséquent de parcelles et de maisons.
C’est ainsi qu’il possédait la moitié de l’ancienne auberge de la Croix Blanche (n° 29 Grande Rue) et une partie de la cour en dépendant. Dans cette cour s’élevait un hangar, à gauche de l’entrée, au bord de la rue. En 1868, Fripier décida de le démolir pour le remplacer par la remarquable bâtisse à façade de briques que l’on peut voir aujourd’hui.
Le but était d’en faire un café, loué d’abord à un certain Régulier. Cette fonction commerciale explique les trois baies qui s’ouvraient sur la rue au rez-de-chaussée, servant de devantures.
Cette maison est l’exemple le plus remarquable du style adopté par Charles Fripier vers 1860. On retrouve, comme dans la maison jumelée du n° 4 de la rue aux Chèvres construite deux ans auparavant, un pignon central venant interrompre le rectangle de la façade. Mais la densité de l’ornementation est bien différente. Alors que le reste du bâtiment est en pierre locale, la façade utilise exclusivement la brique, en jouant sur trois tons, ce qui forme une sorte de marqueterie. L’effet décoratif est amplifié par l’incorporation de rosaces et de reliefs en terre cuite à motifs végétaux. Très représentative est la corniche de briques demi-rondes soulignant la base du toit. Dans des maisons moins décorées comme celle de la rue aux Chèvres, c’est au moins un élément présent.
En-dehors du n° 2 Grande Rue (maison Faucheux), traité avec un luxe ornemental comparable, il existe deux maisons du même type en Mayenne. L’une est dans le haut de l’avenue Robert Buron à Laval (actuel bar le Yearling) et serait due, elle aussi, à Charles Fripier. L’autre est dans le village des Agets, sur la commune de Saint-Brice. Ce village était précisément le dernier grand centre de production de terres cuites dans le département. Cette activité, née vers le 13ème siècle dans des hameaux comme Saint-Pierre le Potier, au S. de Laval, ou les Poteries à Aron, a été importante et a d’abord produit différents types de vases. Au 17ème siècle, concurrencée par les grès normands, elle s’est repliée sur la terre cuite architecturale et a survécu jusqu’à l’aube du 20e s., en particulier aux Agets et à Thévalles (Laval). Le style des maisons de la deuxième moitié du 19ème siècle pouvait donc s’appuyer sur une production locale.
Au 20ème siècle, la maison construite par Charles Fripier était toujours un café tout en faisant fonction d’épicerie (café Dalibard). Elle a aussi servi de bureau de poste et possédait la cabine téléphonique publique. La façade, éventrée au rez-de-chaussée pour élargir la devanture, a été reconstituée dans sa forme d’origine au début des années 1990.
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